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Je suis Audrey, traductrice-rédactrice-blogueuse franco-canadienne. J’ai grandi en France et émigré au Canada en 2014. Je suis partie seule pour la première fois à 18 ans : j’allais rejoindre un chantier international avec d’autres gens (aujourd’hui on dirait un woofing), mais j’ai pris l’avion seule, passé quelques jours seule à Helsinki avant de prendre un car vers ma destination à plusieurs centaines de kilomètres de là. C’était impressionnant mais à la fois, j’ai trouvé ça assez grisant. J’ai recommencé l’année suivante au Japon, puis je suis allée étudier seule en Nouvelle-Zélande et j’ai vadrouillé… De fil en aiguille, c’est devenu une habitude, une évidence. J’ai besoin de voyager seule même si je suis désormais mariée, ce sont des moments précieux pour moi. J’ai même eu un van à un moment, je voyageais seule avec mon chien, c’était génial. Je voyage moins seule depuis quelques années mais la flamme du voyage solo est toujours là !
Hormis le Canada où j’habite désormais, j’ai énormément de tendresse pour le Japon. J’y ai fait mes premiers pas de voyageuse solo, j’y trouve un dépaysement immense et il est vraiment, mais alors vraiment très simple de s’y déplacer malgré la barrière de la langue. Le deuxième pays (parce que quelle voyageuse peut se limiter à un pays quand on lui pose cette question ?!) que j’adore, c’est le Mexique. Je n’en ai vu que la péninsule du Yucatán mais j’y aime tout : l’accueil, la culture maya, les sites archéologiques, les plages, la gastronomie…
Je dirais la Pologne. La Pologne, ça n’évoque pas beaucoup d’images guillerettes, je crois qu’on est tous restés aux photos en noir et blanc de la deuxième guerre mondiale, aux ruines de l’époque communiste, on n’imagine pas trop ce pays au XXIe siècle… J’ai pris une grosse claque en y restant une semaine entre Cracovie et Wroclaw, tout était superbe, les gens y étaient accueillants. C’était une très belle surprise, une destination qui n’a pas grand-chose à envier à Prague ou Budapest si on a envie d’aller en Europe centrale.
Beaucoup d’introspection et de temps pour moi. C’est sans doute paradoxal de la part de quelqu’un qui travaille déjà seule chez elle mais j’ai besoin d’énormément de temps seule, je suis très introvertie.
Voyager seule me permet de me concentrer sur le plaisir de la découverte et de mieux prêter attention à ce que je vis et je vois. Du coup, je suis assez loin de l’image de la voyageuse solo qui fait plein de rencontres en voyage…
Quand on voyage seule, on est soumise à une injonction : celle de dire qu’en fait, on n’est jamais vraiment seule. Pour moi, c’est un problème. C’est un peu comme si on tolérait les voyageuses solos uniquement si finalement, elles ne sont pas vraiment seules. Mais il faut s’y faire : on peut voyager vraiment toute seule, par choix, et pire encore, aimer ça.
Cela m’a permis de repousser certaines limites, évidemment. Ce sont parfois des limites qu’on franchit en se faisant violence : oser rentrer de nuit seule, oser nouer le contact en couchsurfant. Et puis au fil des expériences, certaines limites sont repoussées sans même s’en rendre compte, parce qu’on gagne en aisance.
Sans parler de rencontre en particulier, avoir pris conscience de mon privilège de voyageuse blanche a été un grand pas dans mon expérience de voyageuse. En tant qu’Occidentaux, nous avons tous un certain privilège à voyager tout court, et avoir la liberté de me déplacer à l’étranger sans être accompagnée d’un chaperon est une liberté que beaucoup de femmes n’ont pas. Être une femme blanche peut d’ailleurs ouvrir des portes dans des lieux traditionnellement masculins à l’étranger, et j’essaie de ne pas le perdre de vue : j’ai une chance immense de pouvoir voyager seule.
BOF ! Voilà ce que je dis.
Plus sérieusement, il y a des endroits dangereux partout, même en France, même au Canada. Ceux qui essaient de dissuader les femmes de voyager seules font partie du problème. Ils s’imaginent sans doute plein de bienveillance mais brider les femmes n’a jamais fait avancer les choses. Je pourrais leur dire qu’ils devraient plutôt consacrer leur énergie à faire du monde un endroit où les femmes ne sont pas en danger. Et après, on en reparlera.
En continuant à voyager seules, pardi ! Je crois beaucoup au fait de donner l’exemple. Plus on montre de femmes qui voyagent seules, plus on banalise cette façon de voyager.
Je suis plutôt chanceuse en voyage, il ne m’arrive pas vraiment de tuiles. Quand je voyage seule, je prépare beaucoup mes déplacements car j'ai une petite tendance à l'anxiété. La pire "galère" qui me soit arrivée a été de poireauter quatre heures au McDo au fin fond d'une banlieue de Copenhague parce que mon covoitureur avait beaucoup de retard !
Vous n’êtes pas obligées de dépasser toutes vos limites tout de suite. Prenez votre temps, partez déjà dans des endroits familiers, puis augmentez la dose d’aventure peu à peu. Commencez par partir seule dans votre pays, puis dans un pays voisin, et ainsi de suite…
Mon tour d’Europe en solo et en train pendant deux mois au printemps 2014. C’est bête, il commence à dater un peu mais rien ne l’a surpassé. La liberté intense de voyager par voie terrestre dans notre belle Europe. J’ai fait des rencontres fabuleuses et vu des pays fascinants.
Essayez, vous ne regretterez pas !
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